Mardi 29 septembre - attention, texte un peu long...(je ne suis pas connu pour mon esprit de synthèse...)
Sur les conseils de Laurent et Phara, nous voulions faire du
canoë en espérant voir quelques ours sur les berges des lacs. Nous faisons le
choix d’une balade à la journée sur le lac Wapizagonke. Il faut faire une heure
de canoë, puis une heure de marche pour aller observer les chutes Waber (sont-elles
jolies ? aucune idée, mais vu la rando pour y aller, j’imagine que oui), puis
pareil pour le retour. Avec les enfants et le picnic nous prévoyons 2 bonnes
heures de plus, soit 6 h aller-retour. Un petit aperçu de la rando sur ce site : petit descriptif de la rando vers les chutes Waber
On se lève tôt, on fait les sandwichs et direction la
location de canoë, avec une légère appréhension : il fait gris, le ciel
est plombé.
Le loueur nous prévient : la météo annonce des orages.
Comme la veille une employée du Parc était bien plus positive sur la météo, on
décide de la croire elle. Et puis laisser passer une journée pour faire du
canoë le lendemain (la météo prévoyant le retour du soleil) ne nous arrange pas
trop dans notre planning puisque nous devons rendre le camping car jeudi, ce
qui veut dire que le mercredi doit être consacré aux lessives et rangement.
Donc, on tente le diable. Je dis à Sandrina, surtout pour me
rassurer « et puis une bonne drache nous fera des souvenirs »…
Nous prenons possession des pagaies et gilets de sauvetage.
Les enfants dissertent sur ce qu’ils ont appris avec papi Pierre sur son canoë.
La première partie se passe à peu près bien. On prend nos
marques avec Sandrina dans un bras du lac qui fait un S (donc on s’échoue une
au deux fois sur les berges). Je suis plutôt surpris de la technique des
enfants dans l’art de la pagaie. Non seulement ils ne perdent pas leur rame (ce
à quoi je m’attendais) mais en plus ils rament plutôt bien. Je leur fais le
compliment et ils me répondent : « c’est grâce à papi Pierre. Et
aussi qu’il nous laisse nous mettre debout dans son canot, en s’accrochant à la
corde ». Ne disposant d’aucune corde dans mon canot, Antoine n’aura pas le
droit de se lever…
Puis mon sens inné de l’orientation nous fait perdre bien 45
min, pourtant j’avais un plan…. En même temps, le lac est séparé par un chenal
(qui ressemble à un ruisseau) d’environ 100 ou 200 m, tout en méandres et très
peu profond. Comment imaginer qu’il s’agit de l’itinéraire que des centaines de
touristes doivent emprunter l’été ?? Bref, on perd du temps, on patauge
(il est finalement plus simple de descendre du canoë pour le pousser), et on
repart ; le temps d’intervertir les enfants dans les canoës.
On sort enfin de ce « ruisseau » et repartons à la
rame. Nina était morte de rire sur le ruisseau car Sandrina fonçait dans les
berges, les arbustes, ect. Pas plus que moi, ceci dit. On fait maintenant la
course avec Sandrina, qui me gagne. Antoine, qui était tellement prompt à ramer
avec moi, n’en fiche pas une sur le canot de Sandrina.
Arrivés au bout de l’heure de canoë qui s’est transformée en
presque 2 h, on range les canoës sur le côté puis on repart, à pied. Ça grimpe
un peu, mais ça va. Et au bout d’une bonne heure, on arrive enfin à notre
objectif….sous la pluie. Et oui, elle commence à tomber. On descend une pente
assez raide et des escaliers pour observer le chutes d’en bas, qui sont
effectivement splendides.
Le temps de descendre, la pluie s’est transformée en déluge.
On va donc tester l’imperméabilité de nos vestes. Je range mon téléphone et
mes jumelles dedans, pour les protéger (je dis ça car ça a son importance pour
la suite…). Je pense à ma mère qui avant le départ me conseillait de prendre
des affaires plus longues, pour protéger les jambes…
En remontant, le sentier se transforme en torrent de terre
et d’épines de pin. 15 mn plus tard, nous sommes tous trempés (ma veste est
bien imperméable, mais je l’ai ouverte pour la mettre sur le sac à dos qui
contient toutes nos affaires importantes – copie passeports, portefeuille,
appareil photo..). Nina et Antoine passent la plus grande partie du trajet
retour à pleurer. J’ai beau essayer de trouver des histoires, ça n’aide pas
beaucoup. Puis vers la fin, trop c’est trop. Tonio éclate vraiment en sanglots.
Ça fait 45 mn qu’il marche dans son jean trempé, il a froid. Je le porte pour
les 10 dernières mn (il s’arrête instantanément de pleurer…). Romeo lui est un
super aventurier! Il a beaucoup râlé au début, mais quand il s’est aperçu qu’il
était le seul à ne pas pleurer, je ne l’ai plus entendu, limite il sifflait.
On arrive au canoë avec une pluie qui s’est bien calmée
(mais qui ne s’arrêta pas). On avait laissé un sac de change sous le canoë, il
est donc sec. On met un pull à Antoine, dont la veste est bien étanche. Nina,
en revanche est trempée. Elle enlève tout, met un pull sec et je lui file ma
veste. La sienne servira à protéger le sac à dos de Sandrina. Moi, je
continuerai en t-shirt (quel homme non ??)
On y retourne pour 1 heure de canoë sous la pluie. Pourtant, je
ne peux m’empêcher de trouver l’instant magique. D’accord les enfants sont
frigorifiés, mais ils s’en remettront, et même, s’en souviendront avec une pointe d'allégresse. Et
ce lac, calme, avec la pluie qui mouchète sa surface, l’unique bruit de
nos pagaies, je trouve ça sublime (même les enfants ont cessé de pleurer..mais
pas pour longtemps).
Donc, on n’entend plus les enfants, stones…On pagaie et nous
finissons par atteindre la moitié du parcours : le petit chenal qui
raccorde les deux parties du lac (rappelez vous les photos plus haut).
Nous descendons, cette fois directement en pantalon et
chaussures, ça ne change rien de toutes façons. Je tire mon canot. Sandrina le
sien. Puis un passage plus profond, on peut remonter dedans. J’y vais. Et là…le
drame : j’entends derrière moi « ploucchhhfr » (c’est difficile
à retranscrire le bruit d’un plouf…) et Nina qui crie et pleure et Sandrina qui
jure. Je me retourne : elles ont chaviré (dans 70 cm d’eau, rien de
grave), mais Nina est en pleurs. Sandrina, épuisée a mal ajusté son pied, a
ripé et retourné le canot. Je cours, avec Sandrina, nous remettons le canot
d’aplomb et je transporte Nina dedans, toujours saisie et pleine d’effroi. Elle
goutte comme une passoire pleine d’eau. Sandrina n’en peut plus. Et pas de
bol : le sac si important (argent, carte bleue, papiers, appareil photo…)
est tombé à l’eau. Et ma veste, que j’ai donnée à Nina, bien qu’imperméable,
n’est pas insubmersible (rappelez vous où j’ai rangé mon téléphone et mes
jumelles ?). Aïe, toute notre vie est trempée. Pour l’heure, il
pleut, Nina pleure, Sandrina est au bout du rouleau, on verra plus tard pour
les affaires. Je tire les deux canots jusqu’à retrouver la seconde partie du
lac. Et suffisamment de profondeur pour ramer. Et c’est parti pour la dernière
ligne droite. Sandrina qui me distançait sur la première partie du voyage est
enfin à la traîne (je savais que je pouvais la battre !!).
Et là, malgré toutes ces difficultés, instant de grâce…Sandrina
me dit : là bas, c’est quoi ? un élan ? ahh non, un morceau de
bois qui flotte. Mais..si !! Un orignal ! On reste bouche bée,
observant l’animal traverser la rivière (on ne savait même pas que ça nageait).
On retient nos canots pour rester groupé. On attend 3, 4 minutes le temps qu’il
atteigne l’autre rive. Il est loin, mais on le voit quand même bien. Je dis à
Sandrina, dans l’autre canoë, vite, passe moi l’appareil photo. Non
catégorique : n’oublions pas qu’il continue de pleuvoir et Sandrina
devrait se contorsionner pour l’atteindre, et trempée comme elle est, chaque
mouvement est pénible.
Tant pis, on observe, c’est un moment magique, même si Nina
commence à s’impatienter : « bon, on y va, j’ai trop froid ».
Elles y vont, je reste un moment avec Antoine et Romeo, qui commentent
l’animal : il a les pattes blanches, et des cornes, une bosse…Et on y
retourne, car moi aussi je commence a avoir froid.
On rejoint Sandrina et Nina. Dans cette déveine (quoique, on
savait le risque qu’on prenait, et vu la tête du ciel, on se doutait que ça
tomberait), on a un peu de chance, il fait doux. On a froid mais plus parce
qu’on ne bouge pas (ou peu pour Sandrina et moi). De temps en temps, des
courants d’air me traversent, mais globalement ça va. Vers la fin, on arrive
même à rigoler tous ensemble de nos mésaventures. On pense à ce qui nous ferait
plaisir : la maison, une cheminée, ne pas tomber pour Nina (j’en profite
ici, puisque c’est elle qui est tombée à l’eau, pour dire toute l’admiration
que j’ai pour cette petite fille qui, malgré son jeune âge, a une vision très
clairvoyante des choses, très juste ; elle sait mettre les choses en
perspectives, et ainsi, savoir ce qui est important. Et pour ne rien gâcher,
elle est très drôle, a la répartie facile, comme sa mère, et tout ça me rend
vraiment très fier).
Enfin, nous arrivons, nous sommes seuls, comme quasiment
toute la balade (nous avons croisé 4 personnes en 6 heures). Nous rangeons les
canots, et filons au camping car. Je voulais prendre une photo de nous tous,
trempés jusqu’aux os, mais priorité aux enfants dont la ligne d’arrivée, si
proche, fait fondre les dernières résistances (sauf pour Romeo, brave petit
guerrier, qui aide vaillamment Sandrina).
Sandrina change les enfants dans le camping car, ils sont transis mais sautent de joie. Ils se
mettent en pyjama et polaire ; moi j’allume les gazinières et lance la
génératrice pour faire fonctionner la clim, température demandée : 30
°.
Ça y est, nous sommes sortis d’affaires. On prend un gros
gouter et direction Louiseville, à 1h30 du Parc de la Mauricie, pour nous
rapprocher de Montréal où nous devons rendre le véhicule dans 2 jours.
On pensait que les enfants s’écrouleraient de fatigue, ils
sont très réveillés, jouent ensemble, rient à gorge déployée. Ils ont besoin de
se détendre après tant d’émotions.
On se souviendra tous de cette magnifique journée !!
Mathieu
Une équipe de vrais aventuriers,qui n'ont peur de rien,et n'hésitent pas à prendre des risques...Le comportement,et les réactions des enfants,sont assez impressionnants!Félicitation,en particulier,à la belle...GRANDE...Nina,ses frères étant des"casses-cou",dont l'un,le premier copain à Tonton,a bien compris,qu'il était plus confortable de ne pas ramer sur le canoë!!!
RépondreSupprimerLe meilleur moment,a dû être,quand-même,les pyjamas et les polaires!
Hé ben quelle journée ! Bisous les aventuriers
RépondreSupprimerAh oui c'était une sacrée journée!!! On a eu l'impression de faire Koh Lanta mais sous des conditions climatiques catastrophiques. Oui je pense que les enfants ont été particulièrement supers. En tous cas, moi à l'heure âge, j'aurai hurlé (non Jean??)Tant mieux car je pense aussi qu'il va nous en arriver bien d'autres des comme ça!!
RépondreSupprimerSandrina
Bises aux 2 commentateurs!!!
Pour ma part, je ne suis pas convaincu par la véracité de cette histoire... Ça sent le coup de flemme, une journée d'ennui dans un camping car où on invente une histoire pour faire plaisir aux Parisiens! Et tu sais ce qui t'as perdu mon cher Mathieu, c'est le nom du lac! Wapizagonke, c'est pas un nom ça !
RépondreSupprimerBises à tous les aventuriers Peltre.
Nico
Oui les petites galères magiques, on y passera tous ! Bises !
RépondreSupprimerAprès une telle journée, les enfants n''auront plus peur de rien !!! De futurs aventuriers, vous verrez !
RépondreSupprimerOui c'est vrai : ces petites galères doivent aussi faire partie du voyage!! Les enfants ont été bien courageux!!!
RépondreSupprimerEt moi je me suis sentie comme une vraie mère indigne d'avoir fait tomber ma petite poulette à l'eau!! Même si maintenant on en rigole beaucoup!!