jeudi 1 octobre 2015

Canada J21 : dernière journée en Mauricie, une fin en apothéose

Mardi 29 septembre - attention, texte un peu long...(je ne suis pas connu pour mon esprit de synthèse...)
Sur les conseils de Laurent et Phara, nous voulions faire du canoë en espérant voir quelques ours sur les berges des lacs. Nous faisons le choix d’une balade à la journée sur le lac Wapizagonke. Il faut faire une heure de canoë, puis une heure de marche pour aller observer les chutes Waber (sont-elles jolies ? aucune idée, mais vu la rando pour y aller, j’imagine que oui), puis pareil pour le retour. Avec les enfants et le picnic nous prévoyons 2 bonnes heures de plus, soit 6 h aller-retour. Un petit aperçu de la rando sur ce site : petit descriptif de la rando vers les chutes Waber
On se lève tôt, on fait les sandwichs et direction la location de canoë, avec une légère appréhension : il fait gris, le ciel est plombé.

Le loueur nous prévient : la météo annonce des orages. Comme la veille une employée du Parc était bien plus positive sur la météo, on décide de la croire elle. Et puis laisser passer une journée pour faire du canoë le lendemain (la météo prévoyant le retour du soleil) ne nous arrange pas trop dans notre planning puisque nous devons rendre le camping car jeudi, ce qui veut dire que le mercredi doit être consacré aux lessives et rangement.
Donc, on tente le diable. Je dis à Sandrina, surtout pour me rassurer « et puis une bonne drache nous fera des souvenirs »…
Nous prenons possession des pagaies et gilets de sauvetage. Les enfants dissertent sur ce qu’ils ont appris avec papi Pierre sur son canoë.

La première partie se passe à peu près bien. On prend nos marques avec Sandrina dans un bras du lac qui fait un S (donc on s’échoue une au deux fois sur les berges). Je suis plutôt surpris de la technique des enfants dans l’art de la pagaie. Non seulement ils ne perdent pas leur rame (ce à quoi je m’attendais) mais en plus ils rament plutôt bien. Je leur fais le compliment et ils me répondent : « c’est grâce à papi Pierre. Et aussi qu’il nous laisse nous mettre debout dans son canot, en s’accrochant à la corde ». Ne disposant d’aucune corde dans mon canot, Antoine n’aura pas le droit de se lever…



Puis mon sens inné de l’orientation nous fait perdre bien 45 min, pourtant j’avais un plan…. En même temps, le lac est séparé par un chenal (qui ressemble à un ruisseau) d’environ 100 ou 200 m, tout en méandres et très peu profond. Comment imaginer qu’il s’agit de l’itinéraire que des centaines de touristes doivent emprunter l’été ?? Bref, on perd du temps, on patauge (il est finalement plus simple de descendre du canoë pour le pousser), et on repart ; le temps d’intervertir les enfants dans les canoës.
 

On sort enfin de ce « ruisseau » et repartons à la rame. Nina était morte de rire sur le ruisseau car Sandrina fonçait dans les berges, les arbustes, ect. Pas plus que moi, ceci dit. On fait maintenant la course avec Sandrina, qui me gagne. Antoine, qui était tellement prompt à ramer avec moi, n’en fiche pas une sur le canot de Sandrina.


Arrivés au bout de l’heure de canoë qui s’est transformée en presque 2 h, on range les canoës sur le côté puis on repart, à pied. Ça grimpe un peu, mais ça va. Et au bout d’une bonne heure, on arrive enfin à notre objectif….sous la pluie. Et oui, elle commence à tomber. On descend une pente assez raide et des escaliers pour observer le chutes d’en bas, qui sont effectivement splendides.


Le temps de descendre, la pluie s’est transformée en déluge. On va donc tester l’imperméabilité de nos vestes. Je range mon téléphone et mes jumelles dedans, pour les protéger (je dis ça car ça a son importance pour la suite…). Je pense à ma mère qui avant le départ me conseillait de prendre des affaires plus longues, pour protéger les jambes…
En remontant, le sentier se transforme en torrent de terre et d’épines de pin. 15 mn plus tard, nous sommes tous trempés (ma veste est bien imperméable, mais je l’ai ouverte pour la mettre sur le sac à dos qui contient toutes nos affaires importantes – copie passeports, portefeuille, appareil photo..). Nina et Antoine passent la plus grande partie du trajet retour à pleurer. J’ai beau essayer de trouver des histoires, ça n’aide pas beaucoup. Puis vers la fin, trop c’est trop. Tonio éclate vraiment en sanglots. Ça fait 45 mn qu’il marche dans son jean trempé, il a froid. Je le porte pour les 10 dernières mn (il s’arrête instantanément de pleurer…). Romeo lui est un super aventurier! Il a beaucoup râlé au début, mais quand il s’est aperçu qu’il était le seul à ne pas pleurer, je ne l’ai plus entendu, limite il sifflait.

On arrive au canoë avec une pluie qui s’est bien calmée (mais qui ne s’arrêta pas). On avait laissé un sac de change sous le canoë, il est donc sec. On met un pull à Antoine, dont la veste est bien étanche. Nina, en revanche est trempée. Elle enlève tout, met un pull sec et je lui file ma veste. La sienne servira à protéger le sac à dos de Sandrina. Moi, je continuerai en t-shirt (quel homme non ??)
On y retourne pour 1 heure de canoë sous la pluie. Pourtant, je ne peux m’empêcher de trouver l’instant magique. D’accord les enfants sont frigorifiés, mais ils s’en remettront, et même, s’en souviendront avec une pointe d'allégresse. Et ce lac, calme, avec la pluie qui mouchète sa surface, l’unique bruit de nos pagaies, je trouve ça sublime (même les enfants ont cessé de pleurer..mais pas pour longtemps).  

Donc, on n’entend plus les enfants, stones…On pagaie et nous finissons par atteindre la moitié du parcours : le petit chenal qui raccorde les deux parties du lac (rappelez vous les photos plus haut).
Nous descendons, cette fois directement en pantalon et chaussures, ça ne change rien de toutes façons. Je tire mon canot. Sandrina le sien. Puis un passage plus profond, on peut remonter dedans. J’y vais. Et là…le drame : j’entends derrière moi « ploucchhhfr » (c’est difficile à retranscrire le bruit d’un plouf…) et Nina qui crie et pleure et Sandrina qui jure. Je me retourne : elles ont chaviré (dans 70 cm d’eau, rien de grave), mais Nina est en pleurs. Sandrina, épuisée a mal ajusté son pied, a ripé et retourné le canot. Je cours, avec Sandrina, nous remettons le canot d’aplomb et je transporte Nina dedans, toujours saisie et pleine d’effroi. Elle goutte comme une passoire pleine d’eau. Sandrina n’en peut plus. Et pas de bol : le sac si important (argent, carte bleue, papiers, appareil photo…) est tombé à l’eau. Et ma veste, que j’ai donnée à Nina, bien qu’imperméable, n’est pas insubmersible (rappelez vous où j’ai rangé mon téléphone et mes jumelles ?). Aïe, toute notre vie est trempée. Pour l’heure, il pleut, Nina pleure, Sandrina est au bout du rouleau, on verra plus tard pour les affaires. Je tire les deux canots jusqu’à retrouver la seconde partie du lac. Et suffisamment de profondeur pour ramer. Et c’est parti pour la dernière ligne droite. Sandrina qui me distançait sur la première partie du voyage est enfin à la traîne (je savais que je pouvais la battre !!).

Et là, malgré toutes ces difficultés, instant de grâce…Sandrina me dit : là bas, c’est quoi ? un élan ? ahh non, un morceau de bois qui flotte. Mais..si !! Un orignal ! On reste bouche bée, observant l’animal traverser la rivière (on ne savait même pas que ça nageait). On retient nos canots pour rester groupé. On attend 3, 4 minutes le temps qu’il atteigne l’autre rive. Il est loin, mais on le voit quand même bien. Je dis à Sandrina, dans l’autre canoë, vite, passe moi l’appareil photo. Non catégorique : n’oublions pas qu’il continue de pleuvoir et Sandrina devrait se contorsionner pour l’atteindre, et trempée comme elle est, chaque mouvement est pénible.
Tant pis, on observe, c’est un moment magique, même si Nina commence à s’impatienter : « bon, on y va, j’ai trop froid ». Elles y vont, je reste un moment avec Antoine et Romeo, qui commentent l’animal : il a les pattes blanches, et des cornes, une bosse…Et on y retourne, car moi aussi je commence a avoir froid.

On rejoint Sandrina et Nina. Dans cette déveine (quoique, on savait le risque qu’on prenait, et vu la tête du ciel, on se doutait que ça tomberait), on a un peu de chance, il fait doux. On a froid mais plus parce qu’on ne bouge pas (ou peu pour Sandrina et moi). De temps en temps, des courants d’air me traversent, mais globalement ça va. Vers la fin, on arrive même à rigoler tous ensemble de nos mésaventures. On pense à ce qui nous ferait plaisir : la maison, une cheminée, ne pas tomber pour Nina (j’en profite ici, puisque c’est elle qui est tombée à l’eau, pour dire toute l’admiration que j’ai pour cette petite fille qui, malgré son jeune âge, a une vision très clairvoyante des choses, très juste ; elle sait mettre les choses en perspectives, et ainsi, savoir ce qui est important. Et pour ne rien gâcher, elle est très drôle, a la répartie facile, comme sa mère, et tout ça me rend vraiment très fier).

Enfin, nous arrivons, nous sommes seuls, comme quasiment toute la balade (nous avons croisé 4 personnes en 6 heures). Nous rangeons les canots, et filons au camping car. Je voulais prendre une photo de nous tous, trempés jusqu’aux os, mais priorité aux enfants dont la ligne d’arrivée, si proche, fait fondre les dernières résistances (sauf pour Romeo, brave petit guerrier, qui aide vaillamment Sandrina).
Sandrina change les enfants dans le camping car, ils sont transis mais sautent de joie. Ils se mettent en pyjama et polaire ; moi j’allume les gazinières et lance la génératrice pour faire fonctionner la clim, température demandée : 30 °.
Ça y est, nous sommes sortis d’affaires. On prend un gros gouter et direction Louiseville, à 1h30 du Parc de la Mauricie, pour nous rapprocher de Montréal où nous devons rendre le véhicule dans 2 jours.

On pensait que les enfants s’écrouleraient de fatigue, ils sont très réveillés, jouent ensemble, rient à gorge déployée. Ils ont besoin de se détendre après tant d’émotions.


On se souviendra tous de cette magnifique journée !!

Mathieu

7 commentaires:

  1. Une équipe de vrais aventuriers,qui n'ont peur de rien,et n'hésitent pas à prendre des risques...Le comportement,et les réactions des enfants,sont assez impressionnants!Félicitation,en particulier,à la belle...GRANDE...Nina,ses frères étant des"casses-cou",dont l'un,le premier copain à Tonton,a bien compris,qu'il était plus confortable de ne pas ramer sur le canoë!!!
    Le meilleur moment,a dû être,quand-même,les pyjamas et les polaires!

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  2. Hé ben quelle journée ! Bisous les aventuriers

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  3. Ah oui c'était une sacrée journée!!! On a eu l'impression de faire Koh Lanta mais sous des conditions climatiques catastrophiques. Oui je pense que les enfants ont été particulièrement supers. En tous cas, moi à l'heure âge, j'aurai hurlé (non Jean??)Tant mieux car je pense aussi qu'il va nous en arriver bien d'autres des comme ça!!
    Sandrina
    Bises aux 2 commentateurs!!!

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  4. Pour ma part, je ne suis pas convaincu par la véracité de cette histoire... Ça sent le coup de flemme, une journée d'ennui dans un camping car où on invente une histoire pour faire plaisir aux Parisiens! Et tu sais ce qui t'as perdu mon cher Mathieu, c'est le nom du lac! Wapizagonke, c'est pas un nom ça !
    Bises à tous les aventuriers Peltre.
    Nico

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  5. Oui les petites galères magiques, on y passera tous ! Bises !

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  6. Après une telle journée, les enfants n''auront plus peur de rien !!! De futurs aventuriers, vous verrez !

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  7. Oui c'est vrai : ces petites galères doivent aussi faire partie du voyage!! Les enfants ont été bien courageux!!!
    Et moi je me suis sentie comme une vraie mère indigne d'avoir fait tomber ma petite poulette à l'eau!! Même si maintenant on en rigole beaucoup!!

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