Jeudi 29 octobre, Cuenca, Ecuador
Voilà, cela fait 2 mois que nous voyageons, et je pense avoir assez de matière
pour tirer un premier bilan de l'enseignement que nous prodiguons affectueusement et patiemment à nos trois chérubins (hum hum..).
Tout d’abord, pourquoi en faire un article spécifique ?
parce que je suis surpris que ça ne soit pas plus détaillé que ça dans les
blogs que j’ai pu consulter lorsque je rêvais et préparais le tour du monde,
alors que ça me paraît être un aspect crucial d’un voyage de ce type. J’ai fini
par en déduire que l’enfant enregistrait tellement de choses pendant ce type
d’expérience, que ça l’enrichissait dans tellement d’autres domaines que les
matières scolaires, que finalement,
l’école par les parents n’était pas un souci. Et les quelques retours de
personnes que nous connaissons de près ou de loin qui ont vécu cette aventure
confirmaient cette hypothèse. Pour autant, Sandrina n’est pas femme à se
laisser porter par le vent, par les « on verra bien », contrairement
à moi. Elle a donc pris les choses en main, fait le tour de ses copines (merci
Marion), famille (merci Gui-gui – ça te dérange pas ce petit surnom
hein ;), et maîtresses (merci aux 3 maîtresses qui se reconnaîtront) et a rapidement
intégré tout le programme scolaire des enfants. Et en a déduit un rythme
journalier : 2h par jour. Outch ! Alors quand Mmes B. et W. nous ont
dit que ce serait trop, qu’on ne tiendrait pas le coup (nous parents), que de
toutes façons, les enfants apprendraient quoiqu’il en soit, quel soulagement
pour moi….
On s’est quand même dit avec Sandrina que ce ne seraient pas
les ballades dans les forêts boréales du Québec, les visites des gratte-ciels
new-yorkais, les grimpettes sur les volcans sud-américains, les baignades avec
les otaries des Galápagos qui enseigneraient à Antoine à distinguer 40 de 80
(et quelle galère, j’vous jure !), ou à Nina à accorder les participes
passés (c'est encore un peu duraille), bref, à retenir quand même un minimum de leçons qui leur seront utiles
l’année prochaine. Donc, nous avons décidé d’essayer de maintenir ce rythme. Et
contre toute attente, nous y arrivons tant bien que mal. Il peut arriver qu’on
ne travaille pas du tout (cause qu’on prévoit un trop chouette truc à voir),
comme il peut arriver qu’on fasse 3h dans la journée, bien installés, ou 1h de cours assis n'importe comment par terre. On s’approche donc bien des
2 heures quotidiennes.
C’est vrai aussi que nous avons démarré fort. Dès le 1er
septembre, dans l’avion pour New-York !!
On met à profit chaque moyen de locomotion un peu tranquille
pour travailler. A l’aller et au retour de New-York, dans l’Amtrack, train qui
fait l’unanimité dans la famille. Dans le camping car (c’est pas arrivé
souvent, ça bouge, on s’entend pas trop, pas idéal comme conditions), dans les
avions.
dans l'Amtrack, le train pour Montréal
à l'aéroport de Lago Agrio, Equateur, et dans l'avion pour Quito
Mais le gros des cours a lieu dans nos logements, c’est à
dire les appartements que nous louons pour quelques jours, le camping-car, les
hôtels. Et parfois, dehors, dans des environnements bien agréables.
dans l'appartement de NY, où il faisait chaud et celui de Quito, un peu plus frais...
au Canada, dans le camping-car et sur les tables de pique-nique avec papi et mami qui ont donné le coup de main en maths et pour la lecture
aux Galapagos, sur le bateau, quand ça tanguait un peu ; j'ai pris les photos puis suis vite parti à l'air libre...
Alors, c’est vrai que pour l’instant, nous avons fait la
partie « facile » du voyage : appart à NY et Quito, camping car
au Québec, des conditions « luxe » pour travailler. Et malgré deux excursions en Amazonie et aux Gala, que nous avons considéré comme de vraies vacances, nous
avons réussi à maintenir le rythme.
Après les Galápagos, nous entamerons une partie du voyage
beaucoup plus itinérante où nous ferons de nombreux sauts de puce, dans des
conditions un peu plus roots. Et puis Laurent et Phara nous rejoignant pour 3
semaines, on va éviter de leur faire subir des matinées un peu bloquées par les
devoirs (ou alors, ils pourront donner cours pendant qu'on va se promener tranquillement - cette parenthèse donnera-t-elle lieu à un commentaire de leur part??). Une nouvelle étape arrive, on vous racontera.
espérons que la suite de l'école ne se passe pas dans ce genre de conditions, comme à l'aéroport de San Cristobal,
au retour des Gala...
En règle général, la classe se passe ainsi :
On débute entre 9 et 10h (selon la fatigue). Puis on bosse
entre 1h et 1h30, puis pause de 15 à 30 min, puis rebelote pendant bien 40 min.
On finit souvent vers 12h/12h30. Ensuite, le reste de la journée nous
appartient pleinement (parfois, en ballade, on continue oralement les chiffres
avec Antoine et calcul mental avec Nina et Romeo).
Il peut aussi nous arriver, lorsque la concentration n’était
pas au rendez-vous le matin, de remettre le couvert en fin d’après midi.
quelques soirées à travailler ou retravailler un peu, si ça baillait trop le matin
Enfin, la classe est parfois remplacée par des enregistrements d'exposés oraux que les enfants préparent pour leurs classe respective. ça demande pas mal de répétition pour que le phrasé soit le plus fluide possible, ça ressemble parfois plus à du théâtre qu'à un cours, mais ça plait à tout le monde et ça créée un vrai lien avec la classe, qui nous le rend bien. Les enfants ont été super contents de voir en photo leurs camarades de classe, de savoir que leurs exposés étaient écoutés, que cela suscitait des questions, bref, c'est un très bon outil à la fois pédagogique, mais aussi social.
Ça, c’était pour le rythme. Parlons maintenant des relations
élèves-profs et de notre nouveau métier.
Le comportement des parents
Bin…c’est pas simple. Au début, nous passions, Sandrina et
moi, notre temps à hurler, surtout sur Antoine, le pauvre petit. Et Nina en
prenait aussi (par Sandrina) quand elle ne se concentrait pas. Faut dire aussi
qu’au début, ils ont eu tendance à tester nos limites : je ne
suis pas certain qu’ils se permettaient, l’année dernière, de pousser des
soupirs d’ennui, de rouspéter, de dire tout haut « j’en ai marre »,
etc. Et puis, d’une certaine façon, nous avons 3 niveaux assez différents.
Même si ça commence à se niveler en un vrai CM2 et un CE1 homogène, au départ
ce n’était pas facile.
Maintenant, je me suis calmé, Sandrina, elle continue
d’hurler (hihi, c’est le privilège de l’auteur, il peut tordre la réalité comme
il le veut…mais comme je sais que Sandrina va relire, je vais rétablir la
vérité). Non, sérieusement, on va mieux, d’une part car on prend nos marques,
d’autre part car on apprend la patience, la pédagogie, chose qui est loin
d’être innée. Un grand chapeau aux profs qui arrivent à rester calmes avec des
classes remplies d’enfants (j’espère secrètement que ça vous arrive d’hurler
sur vos propres enfants ;). Bon, tout de même, Sandrina se met encore en
colère parfois, mais à sa décharge, au fil du temps, c’est elle qui assure de
plus en plus les devoirs, seule. Pendant que moi je regarde ce qu’on va faire,
comment le faire, à quel prix, ect. Mais je suis encore présent, hein ?!, mais
plus en appui quand les 3 assaillent Sandrina de questions « t’as écrit
quoi là ? » « mais je comprends pas… » « j’en aiiii
maaare ! ».
Et là où je suis scotché, c’est que lorsque que je dis à
Antoine et Romeo, allez, aujourd’hui, c’est moi qui m’occupe de vous…tollé
général : « non, c’est MAMAN, toi tu sais pas faire les jeux qu’elle
nous fait » (tu parles, une dictée de mots où ils comptent leurs points à
la fin…je sais très bien faire !). Et quand je dis « mais maman elle
crie, moi beaucoup moins », ils me répondent « c’est pas
grave ». Va comprendre Charles Baudry – petit jeu d’mot –
c’est pour voir si Coco lit ces lignes ;).
Donc, moi, je m’occupe plus souvent de Nina. Mais avant, je
vais d’abord prendre mes ordres chez la directrice Sandrina qui m’indique le
programme à suivre pour la matinée.
Pour finir sur le « côté » parents, un truc qui
nous manque beaucoup pour être plus efficace, c’est la préparation des leçons.
Sandrina a fléché le programme à l’année, ça lui a pris pas mal de temps, mais
au quotidien, un simple exercice type « fiche d’un pays »
nécessiterait que nous prenions 20 mn seuls, avant, afin de faire le tri, de
préparer les informations importantes. En général, on fait ça en live, c'est donc plus long.
Le comportement des enfants
Comme je le disais, au départ, ils testaient pas mal les
limites. Maintenant ça va mieux. Eux aussi ont dû prendre leur marques : pas
évident de travailler des fois le matin, des fois l’après midi, des fois en
roulant, des fois 30 mn, des fois 2h…. Et quand on leur rappelle que leurs
copains passent des journées entières en classe, Nina, qui a la répartie de sa
mère, contre-argumente : « oui mais eux, ils ont plus de récrés, plus
longtemps » « pi le samedi et dimanche, ils travaillent pas, nous
oui » « et Nassera elle me crie pas dessus quand je comprends pas ».
Des fois ce sont des arguments bidons, des fois ça fait mouche…
Nina nous a d’ailleurs bien fait rire le 17 octobre :
après une conversation par watsap avec sa copine Léna (Léna, Nina, adore te parler pour que tu lui racontes tout sur la classe), elle raccroche en
nous disant « ohhh, ils ont trop d’la chance à Champigny, ils sont en
vacances ! ». On était sciés avec Sandrina.
Mais bon, on sent aussi qu'il faut pas trop relâcher la pression. Ces derniers jours, aux Galapagos, il était un peu dur de travailler sur le bateau. Sandrina a tenté le coup une ou deux heures, chapeau à elle et aux enfants car moi j'étais allongé sur le pont, les yeux fixés sur l'horizon pour que le mal de mer ne m'envahisse pas. Du coup, quand nous reprenons le travail plus sérieusement, installés confortablement à l'hôtel à San Cristobal, on sent de sérieux retours en arrière chez Antoine (ahhhh reconnaître les sons "é" et "è", le "gu" du "g", le 40 du 80....) et de sérieuses réticences de Nina (Romeo étant celui qui roule le mieux soit dit en passant, surtout en maths, où il nous scotche vraiment). C'est très temporaire, ça revient assez vite mais ça nous laisse éreintés... Et puis il faut parfois suspendre les devoirs pour cause d'imprévus, des défilés dans la rue par exemple, comme à San Cristobal.
à l'hôtel de San Cristobal, Galapagos, difficile pour moi d'être concentré face à la vue que l'on a depuis la terrasse...
...et quand la parade défile pendant les devoirs, alors c'est la récré
Voici donc le premier bilan de ces 2 premiers mois, et si l'on devait résumer en quelques mots : ça prend du temps mais c'est essentiel. Et enseigner est un vrai talent (que nous n'avons pas...), alors tout mon respect aux profs qui prennent leur métier à coeur et je sais qu'ils sont nombreux.
A suivre...
Mateo
Mateo
Salut les aventuriers! Merci merci merci! Pourquoi? Car vous m'avez fait déculpabiliser en vous lisant... Et oui moi aussi je hurle, je râle, je peste et plus souvent qu'à mon tour... Du coup ça fait du bien de voir que c'est pareil ailleurs et que je ne suis pas une tortionnaire ;). et puis j'avoue que moi aussi je vais bien réviser dans quelques temps...ça me fera le plus grand bien. Donc pas de honte Mathieu je pense que nous ne sommes pas les seuls à avoir oublié plein de choses... Gros bisous de nous 5 à vous 5.
RépondreSupprimerSalut les aventuriers! Merci merci merci! Pourquoi? Car vous m'avez fait déculpabiliser en vous lisant... Et oui moi aussi je hurle, je râle, je peste et plus souvent qu'à mon tour... Du coup ça fait du bien de voir que c'est pareil ailleurs et que je ne suis pas une tortionnaire ;). et puis j'avoue que moi aussi je vais bien réviser dans quelques temps...ça me fera le plus grand bien. Donc pas de honte Mathieu je pense que nous ne sommes pas les seuls à avoir oublié plein de choses... Gros bisous de nous 5 à vous 5.
RépondreSupprimerSalut Mad,
RépondreSupprimerEn fait c'est pas que tu n'es pas une tortionnaire c'est que tu as des amis tortionnaires aussi :)-
Bon mais nos enfants n'ont pas l'air si malheureux!!
Gros bisous à vous 5
Sandrina
Coucou la petite famille, bon je suis heureuse de voir que finalement tout se passe bien et que vous devenez de vrais profs (attention vous pourriez y prendre goût !!!) . Pour vous déculpabiliser moi aussi je râle sur mes élèves et j avoue être plus patiente avec eux qu avec mes propres filles!!! Bon en tout cas bravo à vous c était un vrai challenge que de faire la classe à ses enfants. merci pour toutes les photos (d ailleurs cela me fait rêver de faire classe dans certains de vos lieux...) gros bisous à tous les 5 de la part de nous 4 . Gros bisous. Marion
RépondreSupprimerTop cet article! Je projette très bien Sandrina en "directrice" d'école! Mais, pas n'importe laquelle, une qui adore que ça soit un peu feu aussi! PS: t'as une baguette aussi? ;-)
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